Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier
Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT+ (Dilcrah) était l'invité de franceinfo, dimanche 8 juin 2025.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Mathias Haute. Bonjour. Alors on va parler de ces marches pour Hichem Miraoui à Marseille, à Puget-sur-Argent, ce qui sont prévus aujourd'hui bien sûr.
00:09Mais d'abord on voulait dire quelques mots sur la DILCRA que vous présidez, c'est la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT.
00:19Expliquez-nous quel est votre rôle, parce que peut-être que nos auditeurs, nos téléspectateurs ne figurent pas forcément bien à quoi vous servez tout simplement.
00:26Alors c'est un service de l'État, la délégation interministérielle comme son nom l'indique a été créée en 2012 et qui vise à lutter contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT.
00:36Et c'est vraiment très important de tout dire parce que nous n'avons d'ailleurs quasiment pas d'équivalent à l'échelle de l'Union Européenne.
00:42Et c'est un service de l'État qui correspond à la tradition universaliste de la France qui vise à ne jamais hiérarchiser entre les haines et à lutter avec la même détermination contre toutes ces formes de haine.
00:51Mais qu'est-ce que vous apportez de plus qu'un ministère ? Par exemple, il y a des ministères à l'égalité, des ministères de l'Intérieur aussi qui s'occupent de ça, on l'imagine.
01:00Qu'est-ce que vous apportez de plus ?
01:01Parce que les enjeux liés à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT sont profondément des enjeux transversaux évidemment et qui nécessitent un outil de coordination.
01:09Et c'est d'abord le premier rôle de la DILCRA, un rôle de coordination de l'action des différents ministères.
01:14Et vous avez cité les principaux évidemment, le ministère de l'égalité avec Orberger, le ministère de l'Intérieur avec Bruno Rotaillot et le ministère de l'Éducation nationale avec Elisabeth Borne.
01:21Concrètement, c'est combien de personnes ?
01:23C'est 14 personnes mais sans tout c'est 15 millions d'euros de budget, dont l'essentiel, 14 millions, sont redistribués au monde associatif et c'est très important.
01:32Parce que c'est vraiment notre relais sur le terrain pour améliorer, lutter contre les préjugés et les stéréotypes.
01:37Et c'est des pouvoirs de saisine de la justice par exemple ?
01:40Exactement, c'est aussi à la DILCRA un outil évidemment de veille, un outil de signalement et chaque semaine, tous les jours ou presque malheureusement, et on en reparlera,
01:47on est amené à faire ce qu'on appelle des articles 40 pour saisir le parquet, on est amené aussi à faire des signalements auprès d'une institution qui est parfois méconnue qui s'appelle Pharos,
01:55qui permet de lutter contre la haine en ligne et de retirer des contenus avec des propos haineux.
01:59Et donc on travaille étroitement avec Pharos et on procède malheureusement tous les jours à des signalements.
02:03Et je précise, article 40 effectivement, c'est quand une autorité signale au parquet, des politiques aussi peuvent le faire, un fait qui lui apparaît comme étant délictuel.
02:10Alors une marche est donc organisée ce matin à Marseille, cet après-midi à Puget-sur-Argence dans le Var en hommage à Hichem Miraoui, ce coiffeur tunisien de 46 ans qui a été tué par son voisin à Puget-sur-Argence.
02:21La famille organise ce rassemblement pour que jamais ça ne se reproduise.
02:24D'abord la DILCRA s'associe à ce genre de marche, est présente d'une façon ou d'une autre ?
02:29Alors je suis avec vous ce matin, donc je ne suis pas présent, mais les services de l'Etat sont évidemment présents.
02:35Après c'est une marche qui est organisée par la famille, il faut évidemment respecter cela.
02:41Moi je veux surtout avoir une pensée évidemment pour sa famille, pour la communauté tunisienne, évidemment en France, à l'étranger,
02:48et puis pour tous nos compatriotes de confession musulmane dans le pays qui ont été évidemment extrêmement choqués par ce crime raciste,
02:54comme ils l'ont été évidemment, je voudrais le rappeler, par le crime raciste d'Abou Bakar Sissé il y a quelques semaines.
02:58Dans une mosquée, effectivement. Quand on voit pour la première fois, pour ce type d'acte raciste en lien avec l'ultra-droite,
03:05le parquet antiterroriste est saisi. Qu'est-ce que vous en déduisez ? Est-ce que ça vous fait craindre que ce soit le début peut-être d'une série ?
03:14Alors c'est un signal effectivement inquiétant, mais c'est aussi un signal qui permet de mettre des mots sur des faits,
03:19et c'est très important dans ce domaine de mettre des mots, de qualifier ce crime comme un crime raciste,
03:23de qualifier aussi potentiellement le caractère terroriste de ce crime,
03:28puisque l'auteur présumé, vous le savez, a appelé dans des vidéos à multiplier ce type de crime.
03:33Donc c'est important de qualifier, de poser des mots.
03:35Donc ça traduit effectivement une augmentation, une explosion terrible dans notre pays des actes de haine,
03:41mais ça traduit aussi, je pense, une prise de conscience et la volonté de ne rien laisser passer dans ce domaine.
03:46Quand lui nie le caractère raciste, vous dites que ça n'est pas le cas, objectivement, vous parlez vous même des vidéos.
03:52– Alors moi je ne vais pas me placer à faire le travail de l'autorité judiciaire,
03:55mais indéniablement, sans être juge, on ne peut que constater dans les propos qui ont été relatés,
04:00le caractère raciste de ce crime, et je pense que ça ne fait pas beaucoup de doute.
04:03– Mais quand même, dans ce que vous observez, Bérangère parlait de série,
04:07alors certes on n'en est peut-être pas là, mais est-ce qu'on ne peut pas quand même redouter une forme de terrorisme,
04:13puisque c'est en tout cas le parquet national antiterroriste qui est saisi,
04:17de terrorisme raciste qui puisse apparaître ?
04:20Est-ce que vous avez des remontées indiquant que ça peut exister au-delà de ce simple cas pour l'instant ?
04:26– Oui, bien sûr, ça peut exister, et on l'a constaté,
04:29mais surtout que ça s'inscrit dans un contexte plus large de désinhibition,
04:34de banalisation de la parole raciste et antisémite, il faut le rappeler.
04:38Et je vais vous donner juste un chiffre à cet égard qui est quand même très parlant,
04:4216 000 infractions l'année dernière enregistrées dans notre pays à caractère raciste,
04:46xénophobe et anti-religieux.
04:4816 000 en augmentation de 11%.
04:50Et un deuxième chiffre sans vouloir vous abreuver,
04:52plus de 45% d'augmentation des signalements sur la plateforme pharoise que j'évoquais sur la haine en ligne.
04:56Donc il y a cette désinhibition, cette parole décomplexée,
04:58et il faut évidemment y prêter attention parce que si on laisse prospérer le racisme et l'antisémitisme,
05:05on prend le risque qu'il ne s'arrête pas qu'homo, et on l'a vu malheureusement dans le Var.
05:08– C'est sans doute multifactoriel, mais comment on l'explique cette désinhibition ?
05:12Est-ce qu'on a beaucoup parlé de racisme d'atmosphère ces derniers jours ?
05:16Il y a un contexte ? Est-ce que c'est ça ?
05:19Est-ce que quand un ministre, dans d'autres fonctions des politiques,
05:24disent « abat le voile », quand on met ce débat du voile par exemple sur la table,
05:28est-ce que ça stigmatise ? Est-ce que c'est une partie de l'explication ?
05:33– Cette désinhibition, elle a deux causes, deux facteurs.
05:37La première évidemment, mais elle remonte à loin, elle est évidemment un caractère politique,
05:42c'est le rôle de l'extrême droite dans ce domaine,
05:44qui depuis les années 80 a effectivement alimenté d'une certaine manière
05:48aujourd'hui cette désinhibition de la parole raciste,
05:52mais ça ne date pas d'aujourd'hui, ça date des années 80 et ça a commencé à ce moment-là.
05:56Et le deuxième facteur qui est très important, c'est quand même le développement des réseaux sociaux,
05:59avec ces sentiments d'impunité, ce pseudo-anonymat, comme on le dit, sur les réseaux sociaux,
06:05qui fait que désormais on a le sentiment qu'on peut dire tout et n'importe quoi,
06:08mais il faut rappeler que le racisme et l'antisémitisme, ce n'est pas une opinion,
06:11c'est un délit dans notre pays.
06:12– Pour autant sur le sujet du racisme, effectivement,
06:15vous avez évoqué l'importance de l'extrême droite,
06:18mais on le voit malgré tout, élection après élection,
06:20il peut y avoir une inquiétude qui peut émaner des Français qu'on peut voir dans leur vote.
06:27Est-ce que c'est possible d'arriver à parler du sujet migratoire
06:31sans aller vers du racisme, sans aller vers de la stigmatisation ?
06:37– Bien sûr, il y a un travail fondamental, tout commence par l'école et par l'éducation.
06:41– Mais peut-être que les politiques ont aussi un rôle là-dedans.
06:44– Bien sûr, tout le monde a une part de responsabilité,
06:47les politiques, les citoyens, tout un chacun, évidemment, a une responsabilité,
06:52mais ça commence par l'école.
06:53Moi, je suis très frappé de voir à quel point la question des stéréotypes et des préjugés,
06:56en ce qui concerne par exemple les Juifs, les étrangers,
06:59sont encore extrêmement prégnants à l'école,
07:02et donc je pense que c'est vraiment ce travail majeur qui nous faut mener,
07:04que l'on commence déjà à mener, évidemment, mais qu'il faut poursuivre,
07:07et c'est évidemment essentiel.
07:08– On va continuer la discussion, juste après votre fil-info à 8h40, Diane Ferschit.
07:15– Son assassin présumé est écroué, il a reconnu son crime,
07:19mais conteste le caractère raciste.
07:21Deux semaines après la mort d'Hichem Mirawi,
07:23ses proches organisent deux marches blanches, l'une à Marseille ce matin,
07:26où vivent des cousins de la victime, l'autre dans sa ville de Puget-sur-Argence,
07:30où 2000 personnes sont attendues.
07:32La CGT parle d'une grande victoire,
07:34l'État va finalement bien investir 52 millions d'euros dans le projet de reprise de l'usine de papier recyclé
07:40à la chapelle d'Arblay, à Grand Couronne, en Seine-Maritime.
07:43Projet porté par la filiale française d'un groupe canadien à la clé de sans-emploi
07:47pour une remise en activité espérée à l'horizon 2028.
07:51Face aux manifestations en Californie contre les expulsions massives de migrants illégaux,
07:56la Maison-Blanche annonce le déploiement de 2000 membres de la Garde nationale.
07:59Les mesures d'expulsion ont entraîné des émeutes.
08:02Donald Trump rejette la faute sur les dirigeants californiens, des incapables selon lui.
08:07A Roland-Garros, le tenant du titre, Carlos Alcaraz affronte l'italien Yannick Sinner.
08:11Ce sont les deux meilleurs joueurs mondiaux, Yannick Sinner et Carlos Alcaraz en finale.
08:16Ils se sont déjà retrouvés à 12 reprises face à face.
08:19La dernière fois, c'était il y a un mois à Rome.
08:22L'Espagnol l'avait emporté.
08:29Le 8.30 France Info, Bérangère Bonte, Adrien Bec.
08:34Et ce matin, Mathias Haute, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT.
08:41On va redonner quand même deux chiffres.
08:43On ne va pas breuver non plus ceux qui nous écoutent.
08:45Mais c'est important que vous nous expliquiez ces chiffres du ministère de l'Intérieur.
08:48Pour 2024, 173 faits anti-musulmans, 1570 faits antisémites enregistrés par les forces de l'ordre.
08:56Comment s'explique cette différence ?
08:58Elle s'inscrit dans le contexte plus large qu'on évoquait d'explosion, malheureusement, des propos haineux.
09:04Et vous l'avez souligné avec une prégnance très importante des actes antisémites aujourd'hui dans notre pays.
09:09Les actes, pas les plaintes. On est d'accord ? Il y a plus de faits ?
09:12Bien sûr, bien sûr. Il y a notamment les faits à l'école qui ne font pas forcément toujours systématiquement l'objet de plaintes.
09:17Aujourd'hui, les actes antisémites représentent deux tiers des actes anti-religieux dans notre pays.
09:21Donc on voit la prégnance aujourd'hui de l'antisémitisme dans l'explosion des actes de haine.
09:25Ça avait beaucoup progressé dans la foulée du 7 octobre. Ça évolue comment ?
09:30280% d'augmentation depuis le 7 octobre. C'est quand même considérable.
09:34Et ça s'est maintenu à un niveau très élevé. 1670 actes antisémites en 2023.
09:42Et on est maintenu à 1570 actes, malheureusement, antisémites en 2024.
09:47Donc ça montre qu'on est sur un plateau extrêmement élevé.
09:49Et sur 2025, on a enregistré 436 faits antisémites depuis le début de cette année, sur le premier trimestre 2025.
10:00Donc on voit que là aussi, on est maintenu à un niveau extrêmement élevé.
10:04Et j'en veux pour preuve, malheureusement, et je veux avoir évidemment une pensée pour lui,
10:06pour le rabbin Elie Nommel, qui a été violemment agressé il y a quelques jours,
10:11et une nouvelle fois d'ailleurs, puisqu'il l'avait déjà été à Beauville, il y a quelques semaines.
10:18Ce genre de marche comme celle contre, aujourd'hui, suite à la mort d'Hichem Iraoui,
10:25mais également contre l'antisémitisme, ça sert à quelque chose ?
10:29Oui, c'est très utile et on en parle régulièrement avec la ministre Aurore Berger,
10:33qui est très mobilisée sur ces sujets, parce qu'effectivement, il faut encore une fois mettre des mots,
10:38ne rien laisser passer, aucun acte antisémite, raciste, aussi faible en apparence soit-il,
10:46ne doit rester sans réponse.
10:48Et donc la question des signalements, elle est très importante.
10:50La question des signalements, pour que la parole se libère,
10:53et qu'on ne se dise pas dans notre pays à quoi bon, à quoi ça sert.
10:57Je suis juste d'ailleurs sur ces marches-là, suite au 7 octobre,
11:00il y a eu en France des marches sur l'antisémitisme.
11:03À l'étranger, en Angleterre, en Belgique, c'était le racisme et l'antisémitisme.
11:08Il y avait un ensemble. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont du mal à comprendre cette distinction.
11:13C'est une lutte contre le racisme.
11:16Bien sûr. La marche contre l'antisémitisme s'inscrivait dans un contexte particulièrement dramatique,
11:21lié au 7 octobre. Nous, on est très attachés à la DILCRA, avec le gouvernement, avec Aurore Berger.
11:27On ne choisit pas entre lutte contre le racisme et lutte contre l'antisémitisme.
11:30Et on ne demande à personne de choisir.
11:32Justement, la lutte, notamment, vous les avez évoquées, les réseaux sociaux tout à l'heure.
11:38Aurore Berger demande de la part des réseaux sociaux des règles claires
11:41concernant le bannissement des utilisateurs qui diffusent des contenus problématiques.
11:46Aujourd'hui, ces règles, elles ne sont pas claires.
11:49Aujourd'hui, ces règles de bannissement, les réseaux sociaux n'en font pas assez.
11:53Si, les règles sont parfaitement claires.
11:54Et Aurore Berger, j'ai eu l'occasion de le rappeler, vous le soulignez la semaine dernière,
11:57en convoquant l'ensemble des plateformes numériques dans notre pays,
12:00et en leur disant, les règles sont claires, il y a des règles de bannissement,
12:03il y a des règles de retrait de contenu.
12:05Et quand on tient des propos racistes, antisémites, d'incitation à la violence...
12:08Vous les mettez tous dans le même sac, les réseaux sociaux, Facebook, X, d'autres,
12:13ils ne font tous pas correctement leur travail aujourd'hui ?
12:16Pas suffisamment, en tout cas, très clairement.
12:18Après, il y a des degrés divers, il y en a qui sont plus réactifs que d'autres,
12:20notamment lorsque Pharos leur signale des contenus indéniablement.
12:24Allez, on va se dire les choses.
12:25X étant sans doute les moins réactifs aujourd'hui, pour dire les choses.
12:28Le réseau social d'Elon Musk, pour ne pas le citer.
12:30Depuis Elon Musk, d'ailleurs.
12:32Depuis Elon Musk, bien sûr, on l'a sorti très vite.
12:35Mais ils vous font des réponses ?
12:36Ils disent non, on ne le retire pas ?
12:37Ou au contraire, ils ignorent les...
12:38Non, c'est plutôt l'absence de réponse.
12:40Et c'est surtout la réduction du nombre de modérateurs, en fait, en ligne.
12:44Ils ont réduit les personnels dédiés à la modération des contenus.
12:47Donc, de fait, aujourd'hui, vous le voyez,
12:50il suffit d'aller sur un fil de Twitter.
12:51Comment on les contraintes ?
12:52Il y a d'abord des lois qui rappellent que l'antisémitisme, le racisme,
12:56quand on dit, genre, ça le juif, ça le noir, ça l'arabe,
12:58il n'y a pas d'ambiguïté, ce n'est pas du free speech,
13:00il n'y a pas de liberté d'expression dans ce domaine.
13:02Ça tombe sous le coup de la loi.
13:03Et donc, avec Pharos, on a des pouvoirs administratifs
13:06qui nous permettent de demander des retraits de contenus.
13:09Et je rappelle qu'il y a également une enquête
13:11à l'échelle de l'Union européenne, de la Commission européenne,
13:13notamment à l'encontre de X,
13:14sur cet aspect lié à la modération,
13:16avec des enjeux financiers très importants pour X.
13:19Allez-y.
13:20Des amendes qui peuvent se chiffrer
13:22en plusieurs centaines de millions d'euros,
13:25le cas échéant dans l'encontre de X.
13:26Donc, cette enquête n'est pas terminée, elle se poursuit,
13:28mais elle est fondamentale, parce qu'il y a le travail
13:30qui est mené en France par le gouvernement, par Aurore Berger,
13:32mais évidemment, l'essentiel va être aussi
13:34le bras de fer que l'Union européenne doit mener
13:37avec les plateformes, et en particulier X.
13:39Est-ce que les policiers et les gendarmes
13:40sont suffisamment sensibilisés, formés à ces sujets ?
13:44Ils le sont désormais sur les violences sexistes et sexuelles,
13:47par exemple, est-ce que sur ces faits-là aussi ?
13:49Oui, franchement, il y a eu un travail
13:50objectivement considérable qui a été mené
13:52ces dernières années en matière de violences sexistes et sexuelles,
13:55mais aussi en matière de lutte contre le racisme et l'antisémitisme.
13:58Désormais, la DILCRA en particulier,
14:01forme tous les policiers et tous les gendarmes de notre pays
14:03dans le cadre de la formation à l'école.
14:05Tous les policiers sont formés aux enjeux de lutte
14:06contre les discriminations, aux enjeux de lutte
14:08contre le racisme et l'antisémitisme,
14:10et c'est évidemment essentiel.
14:11Et je veux dire aux victimes qui nous écoutent,
14:12aux potentielles victimes de ce type d'actes antisémites ou racistes,
14:15qu'elles trouveront dans nos commissariats,
14:17dans nos brigades de gendarmerie,
14:17des policiers formés désormais
14:19et aptes à recueillir leurs paroles et leurs plaintes.
14:22Alors, dans votre périmètre, également,
14:24il y a les violences anti-LGBT,
14:27ce qu'on appelle communément l'homophobie,
14:30avec une affiche qui a fait polémique,
14:32l'affiche de la marche des fiertés de Paris.
14:35Ceux qui nous regardent à la télévision la voient sur leur écran,
14:39donc on y voit notamment effectivement un homme blanc
14:45qui est maintenu quasiment au sol par des militants.
14:51Aurore Berger a demandé
14:52est-ce que le logo de la DILCRA soit retiré de cette affiche ?
14:55Pourquoi ?
14:56C'est une affiche qui vous a choquée ?
14:57Oui, elle m'a choquée.
14:59Elle est sidérante même.
15:00Elle est contraire à tous les messages
15:03et toutes les valeurs que nous souhaitons porter
15:06à travers toutes les marges de fierté organisées dans le pays
15:09et contraire aux valeurs incarnées par la défense des droits
15:12des personnes LGBT+, dans notre pays,
15:15qui sont des valeurs de fraternité,
15:16des valeurs d'égalité,
15:18des valeurs d'amitié
15:19et pas du tout des valeurs
15:22qui parfois peuvent inciter à la violence
15:24et qui sont contraires à l'universalisme français.
15:26Est-ce que, quelque part,
15:27ce n'est pas aussi faire le jeu,
15:30j'allais dire,
15:30tout simplement,
15:31quand des ministères,
15:34des organisations comme la vôtre,
15:35des délégations
15:36ou la région Île-de-France
15:38se désolidarisent ?
15:39Est-ce que ce n'est pas aussi faire le jeu
15:40de ceux qui ne défendent pas cette cause, quelque part ?
15:42Oui, mais moi, je distingue l'affiche et la marche.
15:45Et tous ceux qui vont, le 28 juin prochain,
15:47marcher massivement dans les rues de Paris
15:48pour défendre les droits des personnes LGBTQIA+,
15:51pour défendre l'égalité des droits,
15:53pour défendre la fraternité.
15:54Et je crois que c'est là l'essentiel,
15:55plus que cette affiche
15:56qui, finalement, n'est pas à la hauteur des enjeux.
16:00Parlons de la marche des fiertés,
16:01parlons de la défense des droits des personnes LGBT,
16:03parlons de la marche à Budapest
16:05qui doit avoir lieu
16:05et qui est malheureusement interdite par Victor Orban.
16:08Je pense que c'est là l'essentiel.
16:09D'un mot, peut-être,
16:09je connais votre devoir de réserve,
16:10mais il y a un noyautage d'une partie, peut-être,
16:13de la gauche, aujourd'hui, dans ces mouvements ?
16:16En tout cas, il faut distinguer
16:17ceux qui veulent faire de la politique
16:19et ceux qui veulent défendre les droits
16:20des personnes LGBTQIA+,
16:22et je pense qu'il ne faut pas se tromper de combat.
16:24L'idée des organisateurs de cette marche des banlieues,
16:26c'était de montrer que les quartiers populaires
16:28ne sont pas, je les cite,
16:29des enfers pour les gays.
16:31Le fait que cette marche existe
16:32montre, d'une certaine façon, l'inverse.
16:35Comment vous voyez ça ?
16:35Est-ce que c'est plus compliqué
16:36d'être homosexuel en banlieue ?
16:39Oui, c'est plus difficile, objectifiquement.
16:41Mais je veux aussi penser à la ruralité,
16:42parce qu'on parle beaucoup des enjeux parisiens,
16:44mais dans les territoires, dans la ruralité,
16:47ce n'est pas toujours simple non plus aussi
16:48d'être qui on a envie d'être
16:52et d'assumer son identité de genre.
16:54Donc, il y a aussi une marche des fiertés
16:56dans la ruralité, qu'il faut souligner.
16:58C'est plus difficile.
16:59Et là aussi, il faut libérer la parole
17:01et faire en sorte que chacun puisse être soi-même,
17:04librement, dans notre pays,
17:05que ce soit dans la ruralité,
17:06en banlieue ou à Paris.
17:07Merci à vous, Mathias Haute,
17:08délégué interministériel à la lutte
17:10contre le racisme, l'antisémitisme
17:13et la haine anti-LGBT,
17:14d'avoir été l'invité de 8.30 France Info ce matin.

Recommandations